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À la rencontre d’un coordinateur des collections !

Introduction :

J’ai eu l’opportunité, dans le cadre de mon master en développement de produits de mode et de luxe, de rencontrer Stéphane de Pont de La Faurie, coordinateur des collections au sein d’une grande maison de luxe !

Ce dernier nous a expliqué en quoi consiste son travail, pour ensuite nous parler du marché du luxe de manière plus générale, abordant notamment le fonctionnement d’une entreprise de mode et les enjeux de la mode de demain.

Son intervention a été très enrichissante pour nous, qui sommes encore étudiantes et étudiants dans ce secteur si concurrentiel qu’est celui de la mode et du luxe.

Elle nous a permis d’en apprendre davantage sur le métier de coordinateur des collections, mais aussi sur tous les autres métiers qui existent au sein de ce secteur et auxquels on pourrait prétendre à la fin de nos études.

 

 

Quel est le parcours de Stéphane ?

  • Prépa HEC
  • École de commerce
  • Histoire de l’art
  • ESMOD // Stylisme & Modélisme // spécialisation en maille

 

Suite à ce parcours académique, Stéphane a travaillé pour de nombreuses maisons accès premium et luxe telles que ANN TAYLOR, ZADIG & VOLTAIRE, MARTIN MARGIELA, KAPORAL, GAP, etc.

Il travaille aujourd’hui depuis un peu plus de 3 ans en tant que coordinateur des collections au sein d’une grande maison de luxe dont je ne peux citer le nom.

Depuis son entrée dans le monde de la mode, il a commencé en tant qu’assistant chef de produit, puis chef de produit, chef de groupe, et pour finir responsable / coordinateur des collections.

 

Exemple illustratif de son parcours au sein de la marque de mode Gap

 

En quoi consiste le métier de coordinateur des collections ?

Stéphane assiste et traduit au quotidien les intentions créatives des directeurs artistiques envers les stylistes travaillant pour le compte de la maison.

Il transmet l’ensemble de ces informations aux stylistes en les guidant dans leurs travaux de stylisme afin que cela soit le plus respectueux possible du projet créatif des directeurs artistiques, respectueux de l’ADN de la maison, mais aussi d’une certaine idée de coût et de rentabilité.

C’est donc lui qui assure la transposition du projet créatif initial des directeurs artistiques en collectionning. Et cela passe par la réalisation de cahiers de tendance et de moodboards qu’il a pu créer avec les directeurs artistiques, et qu’il est en charge de transmettre et d’expliquer aux stylistes de la maison.

Les stylistes commencent ensuite à créer le plan de collection qui sera validé, incrémenté, supprimé, complémenté pour arriver au plan de collection finale. Vient ensuite la phase de prototypage avant de décider si l’on valide et lance la collection ou non.

Stéphane a également une mission supplémentaire dans le cadre de la RSE, qui est de proposer des collections plus « vertes » en termes de matières, de recherche et de sourcing.

 

Exemple d’un cahier de tendance

 

Comment s’organise une entreprise de mode ?

  • La partie style/design avec un bureau de tendance en interne (ex : Nike, PROMOD, etc.) qui travaille sur tous les cahiers de style, cahiers de tendance, et moodboards en interne.
  • La partie tissu avec l’achat des matières premières, de tissu, et la R&D pour tout ce qui est nouveauté en termes de textile en lien avec la RSE notamment.
  • Le stylisme avec des groupements de stylistes par famille de produit (exemples exhaustifs : deux stylistes pour les ceintures, 7 stylistes pour les souliers hommes, 8 stylistes pour les souliers femmes, etc.).
  • Les ateliers avec tout ce qui est modélisme. Existence d’ateliers spéciaux pour les défilés sachant qu’un défilé représente environ 20 minutes, 40 silhouettes, et plusieurs millions d’euros. Ils ont lieu deux fois par an pour la femme, deux fois par an pour l’homme, et deux fois par an pour la haute couture. Généralement, 20 à 25% des pièces issues d’un défilé ne sont pas développées et donc mises en vente sur le marché.

Une collection type est constituée de trois catégories/familles de produits différentes, avec les produits flash/images qui représentent 20 à 30% de la collection, le cœur de collection qui représente 50%, puis les intemporelles/les basiques qui représentent 20 à 30%.

Les produits flash ou les produits images sont les produits des défilés. Ce sont des produits pointus qui vont servir pour la communication, les relations presse, les réseaux sociaux, etc. Ce ne sont pas les produits qui vont être vendus le plus, mais ce sont les plus emblématiques.

Le cœur de la collection est constitué des « vrais » produits disponibles sur le plan commercial, et c’est à partir d’eux que l’on pourra juger de la rentabilité et de l’efficacité de la collection.

Les intemporelles/les basiques/les permanents sont les produits emblématiques de la marque qui vont être renouvelés de collection en collection avec des changements mineurs de couleur et de matière, etc. Ils constituent l’ADN de la marque.

Il y a donc toujours, quand on lance une collection, trois catégories de produits à savoir une pour l’image, une pour la vente, et une pour une garantie de CA et qui constitue l’ADN et l’univers de la maison.

Ainsi, les ateliers défilés ne travaillent que sur les produits flash ou image ! Après avoir défilé, ces produits vont être développés ou non selon l’avis de la presse et des grands acheteurs qui vont être reporté au directeur artistique.

  • La partie produit/achats avec tous les chefs de produit. Pour une famille de produit, on va avoir un chef de produit et en face un styliste ou un groupe de stylistes. Le chef de produit gère la partie produit, quantité, achat, prix de revient, prix de vente finale, coefficient de marge, etc. Il va être aidé de planner qui sont des contrôleurs de gestion pour les familles de produits, et d’allocataires qui décident des assortiments (produit ? quantité ? taille ?) pour chaque magasin de la maison afin de cibler la clientèle locale et les spécificités de chacun des points de vente.
  • Les merchandiseurs qui font le lien entre le style et le produit. Ils gèrent l’assortiment et font le lien entre la partie style et les attentes des chefs de produits.
  • Pour la production, il y a des ateliers en interne et en externe. C’est parfois des usines pour de grandes maisons (ex : MANGO avec 30 usines différentes pour une seule et même collection). Il faut vérifier que tous les produits arrivent en même temps dans la zone de stockage pour pouvoir être sûr que la collection soit prête et complète en même temps.
  • Les licences notamment sur les lunettes, les parfums, etc.
  • La partie communication avec tout ce qui est digital, réseaux sociaux, presse écrite, les défilés produits par de grands bureaux de production (ex : bureau Betak, Villa Eugénie, la mode en image, etc.). Les célébrités restent également un vecteur de communication assez important.
  • Les ventes retail : création d’un parcours client exceptionnel, création d’une intimité entre chaque conseiller et leurs clients, chaque conseiller est doté d’un portefeuille client allant de 50 à 300 clients. Chaque conseiller doit apprendre à connaître ses clients (préférences, goûts, anniversaire, centres d’intérêt, achats précédents, etc.). Et en fonction de cela, leur proposer à chacun un accueil et une offre personnalisée. Existence d’une loi en France qui interdit tout refus de vente sur tout ce qu’on voit dans un magasin.

Le stock est la bête noire dans la mode, c’est-à-dire que l’on cherche toujours à avoir le bon produit, au bon moment, dans la bonne taille, la bonne couleur, et la bonne quantité ! Il faudrait, dans l’idéal, ne plus avoir de stock en fin de collection

 

Exemple de moodboard

 

Quels sont les défis à relever pour la mode de demain ?

Une politique globale RSE 

La mode est désignée comme le deuxième plus grand pollueur au monde :

  • Le polyester est la première matière vendue dans le monde.
  • Le coton nécessite beaucoup d’eau pour sa culture.
  • Le tannage du cuir, avec néanmoins comme substitution aujourd’hui le tannage végétal (évolution notable dans la filière cuir).
  • L’Occident a pour principaux fournisseurs du textile la Chine, le Bangladesh, et la Turquie.

La contrefaçon

Le secteur de la mode et de la cosmétique est le plus touché. Un tiers des Français possède un produit contrefait en matière de mode. Il y a 5 millions de produits saisis par an en France (politique très stricte). Dans le monde, le chiffre d’affaires de la contrefaçon s’élève à 500 milliards. Les principaux producteurs de contrefaçon sont la Chine et la Turquie. Lacoste et Burberry ont été tellement copiés qu’ils ont frôlé la faillite !

Le directeur artistique

Le grand danger est l’incarnation de la marque, c’est-à-dire qu’il ne faut pas que le DA prenne le pas sur la marque (ex : Olivier Rousteing est celui qui a relancé Balmain et qui incarne Balmain, mais le jour où il voudra partir, cela va être très compliqué pour Balmain de se ressaisir). Le directeur artistique insuffle des idées, propose des histoires que l’on va raconter, fait des moodboards, etc. Et doit être capable d’avoir une vision globale sur les choses et sur la stratégie de la marque. Ils font aujourd’hui moins de choses concrètes, mais ils insufflent quand même, par leurs talents et leur personnalité, un vrai mouvement positif à la marque.

La Slow-fashion et la protection de la planète

La mode se présente sous forme de collections, c’est-à-dire que soit on crée des vêtements pour habiller les gens, soit on fait de la mode, et à ce moment-là, on est obligé de faire des propositions créatives et de se renouveler. On ne peut pas avoir une boutique qui ne fait qu’une collection par an. C’est donc compliqué de conjuguer les élans créatifs de la mode avec cette éco-responsabilité et cette baisse de la consommation. Même dans le luxe, les collections printemps été et automne hiver ne suffisaient plus, c’est pourquoi la collection pre-fall et la collection Croisière ont été créées. « Les pré-collections, c’est avant tout une réponse stratégique des maisons de mode à une clientèle en quête permanente de nouveautés, qui ne se satisfait plus vraiment de deux collections annuelles » – Le magazine Marie Claire.

 

Nona Source Showroom Paris !

 

En espérant que cet article vous aura plu !

Victoria Volpe, créatrice de victorialuxeside.com.

 

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2 Commentaires

  1. JuLefebvre
    4 décembre 2023 / 16h00

    Très bonne article ! L’interlocuteur a un beau parcours franchement … !

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